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Daniel PERON peintures semeur

La folle du logis.

Dans le mot résignation, il y a une idée de démission, de renoncement par fatalisme. Ce qu'on peut ressentir devant certains malheurs de la vie (la maladie incurable, l'accident mortel d'un proche, etc...).. Il est certain que la révolte domine dans un premier temps suivie par la résignation devant l'inéluctable. Dans le mot acceptation, il y a aussi une idée de renoncement mais le libre-arbitre semble un peu l'emporter sur le fatalisme. L'acceptation peut être le fruit d'un long cheminement intellectuel qui fait qu'on PREND la décision d'accepter...

Tout part souvent du clivage qui est plus ou moins affirmé selon les gens entre nos désirs, nos rêves, nos ambitions et l'obstacle que représente la dure réalité de la vie. Dans ce cas, se libérer, c'est accepter consciemment, avec lucidité, sans se résigner, que nous avons visé peut-être trop haut, que nous nous sommes peut-être surestimés.

Me concernant, j'avoue honnêtement, qu'il m'est arrivé souvent de rester songeur devant l'étendue du passé consacré à la peinture, peut-être au détriment d'autres choses... Le regard se perd dans l'immensité virginale d'une toile à peine ébauchée et, comme un mirage dans ce blanc désert, comme une litanie qui s'insinue dans le vide de la pensée, se forment et se bousculent les mots: «quoi bon ?», «je à la hauteur ?».

Et quel est l'étalon de référence ? Ma propre satisfaction (elle n'est jamais totale) ? Celle des autres ? (l'œil sévère du critique d'art ou le regard émerveillé d'un enfant ?)

«quoi bon ?» Ne sommes-nous pas souvent dans l'erreur ? Qui peut nous certifier que nous avons fait le bon choix, que nous ne nous sommes pas fourvoyés sur un chemin trop escarpé pour nous ? La vie nous offre de multiples choix: qui peut m'assurer que je me connaisse assez pour choisir ce qui me correspond le mieux ?

"Connais-toi toi même" était gravé au fronton du temple d'Apollon de Delphes. Cette injonction nous invite à l'introspection que nous pouvons toujours tenter, mais que c'est difficile !… Et sommes-nous certains que ce que nous pensons découvrir de nous ne soient pas d'autres illusions dressées par les forces de l'Inconscient ?

Difficile de comprendre ce qui nous motive réellement, de saisir ce dont on a vraiment besoin… Et si ou quand vient la chute, l'amer constat, commence alors le temps de la révolte contre les autres d'abord (c'est toujours la fautes des autres, de la société, dans un premier temps), contre soi-même ensuite, le temps de la culpabilité, de l'auto-flagellation, des regrets (si j'avais su …), de la résignation ou de l'acceptation… ou de l'entêtement égocentrique (c'est moi qui ai raison, le monde a tort).

Accepter sans se résigner c'est tenter de mettre en accord, en adéquation, mes possibilités REELLES (et non celles auto-proclamées par un ego surdéveloppé) avec les contraintes de mon environnement physique, social, affectif, etc... Après, bien sûr, avoir essayé de donner le meilleur de soi. Alors seulement, on peut se sentir libérer.

Tous les mythes grecs ne parlent que de cela, ils condamnent tous la démesure et les coupables sont irrémédiablement châtiés (Icare voulant atteindre le soleil, Oedipe prenant le pouvoir à Thèbes, Prométhée livrée au châtiment éternel...). L'homme se punit lui-même ou plutôt c'est la Raison divine qui le ramène à la raison....
Tout le monde n'est pas capable, tel Persée, de regarder Méduse en face. Il ne la regardera d'ailleurs qu'indirectement grâce au miroir (de la vérité)...Voir Méduse, la Gorgone, c'est se voir soi-même, tel qu'on est. On est alors pétrifié. Symboliquement, c'est la pétrification intérieure, la mort de l'âme. Ainsi l'on ne peut regarder Méduse, c'est-à-dire son propre moi coupable, que soutenu par la sagesse et l'amour de la vérité, la vérité lucide sur soi-même…


On peut ainsi être esclave du matérialisme, au sens non philosophique du terme, (Midas qui transforme en or tout ce qu'il touche mourra de faim) et les exemples ne manquent pas à notre époque où triomphe l'idée de réussite individuelle, de consommation effrénée... A l'opposé, on peut être esclave de son idéalisme, se donner des "missions" spirituelles qu'on ne sera jamais capable d'atteindre. Les illuminés de la Foi par exemple.

Et quand l'esprit s'échine en vain à courir après ses moulins à vent, le corps se révolte avec son cortège de maux psychosomatiques... qui ne sont que la traduction physique d'un malaise profond, la dysharmonie entre moi et le monde, le déséquilibre intérieur… S'échiner à être un autre que soi-même, tel est peut-être le piège le plus subtil et le plus insidieux que l'esprit se tend à lui-même...

Seul le sage, s'il en est, peut se libérer totalement (idéal du bouddhisme). Nous pauvre mortels pouvons simplement espérer échapper un peu à la "malédiction" de notre condition humaine qui fait toujours de nous d'éternels insatisfaits, qui nous surestimons au risque de perdre notre âme ou nous sous-estimons au risque de nous mortifier sans cesse...

A part cela, il fait assez beau, c'est bientôt l'été, la vie est belle...

 

Complément

On a beau savoir que presque tout, dans ce bas monde, n'est qu'illusion, bonheur quelquefois mais bien souvent éphémère, on a beau savoir… Oui, on a beau savoir mais ce n'est pas facile de vivre sans illusion... sans miroir aux alouettes, sans moulin à vents à combattre, sans châteaux en Espagne.... sans défi à relever, sans montagne à grimper (même si tel Sisyphe, il nous faudrait recommencer mille et mille fois).

Il n'est pas facile de ne pas continuer à rêver, à espérer… Espérer, c'est nous projeter vers l'avenir, nous donner l'envie, la force de continuer mais c'est aussi nous détourner du présent et de ce qu'il peut nous apporter comme satisfaction immédiate. Et qui risque de m'échapper à trop vouloir fixer l'horizon de mes illusions… surtout quand, au fil des ans, le miracle tant espéré se fait mirage...

Pourtant l'Homme semble ainsi fait qu'il a besoin de cette toile que l'Imaginaire tisse autour de lui insidieusement. L'Imagination que Pascal, je crois, appelait «folle du logis» et qui ne fait pas bon ménage avec la Raison. Drôle de couple et qui n'est pas près de se séparer. C'est pourtant ce qui nous fait Homme, cette capacité à anticiper, à nous projeter dans un au-delà de notre présent, de nous imaginer Autre, plus grand, plus fort, plus riche, plus sage, plus puissant, plus.... , plus...., plus.....

Cette capacité extraordinaire, sans laquelle l'Humanité continuerait à grimper aux arbres, est pourtant notre pire ennemie. Séductrice, aguicheuse, attirante, elle peut revêtir toutes les apparences que l'Ego veut bien lui donner. Telle une monture indomptée, il faut savoir l'apprivoiser patiemment, en tirer le meilleur parti (qui nous fait progresser, créer, imaginer, anticiper, inventer) et se méfier constamment des ruades intempestives, inattendues qui nous laissent inertes sur le chemin à force d'en avoir trop exigé...

Il est donc quasi impossible de s'en libérer. Nous tissons avec elle un jeu subtil de maître à esclave, de dominant à dominé. Un peu comme Faust qui vend son âme au Diable, si nous nous laissons aller totalement à nos chimères imaginaires, nous risquons d'y perdre la nôtre. C'est pourtant ce qui nous motive, nous fait avancer en nous permettant de bâtir des projets et c'est néanmoins ce qui nous aliène en nous laissant espérer des projets irréalisables...

Mais comme il a été dit dans l'article précédent, à défaut de se résigner, on peut accepter lucidement ses manques, ses faiblesses, réviser ses rêves (bien souvent d'enfant) trop idéalisés… On peut se croire alors à l'abri (fragile) des illusions, avoir atteint la calme sérénité du bouddhiste ou l'amère lucidité d'un Cioran… Ce sont des cas extrêmes, reconnaissons que nous n'en sommes pas là, d'autant plus que cette «logis», loin d' être si folle qu'on le dit, a plus d'un tour dans son sac et peut très bien nous faire croire consciemment à sa défaite tout en rusant inconsciemment… Certains désirs altruistes, débonnaires, désintéressés cachent quelquefois en profondeur des motivations pas toujours avouables (et pas toujours conscientes).

Tentons, sans illusion extrême, puisque que tout désir "au-dessus de nos moyens" fait notre malheur assurément, de guetter ces brefs répits accordés par la Vie et qu'on appelle des instants de bonheur. Sans tomber dans le piège d'une objectivité trop lucide difficile à assumer. (p'tit clin d'œil pour Ju2). Loin de donner ici des leçons, je suis d'ailleurs le premier à chercher à m'en convaincre. Un artiste vit constamment sur le mode de l'anticipation, il a toujours en tête comment agencer, mettre en œuvre ce qu'il conçoit, il peut tomber facilement de les pièges de l'auto-satisfaction, de la recherche éperdue de reconnaissance, d'une «» dont il se croirait investi, de l'obsession métaphysique à traquer l'indicible, etc… Plus que d'autres, il est au prise avec le syndrome de Faust...

J'envie quelquefois, quand je vais acheter un journal, ce joueur qui sait profiter du plaisir simple de l'instant, qui peut s'abîmer dans la douce inconscience teintée d'espoir que procure l'achat de ces petits billets à gratter du bonheur éphémère. Mais encore faut-il pouvoir y croire... C'est comme la Foi, quand on ne l'a pas, rien n'y fait, on a beau le vouloir … J'envie bien souvent aussi la douce inconscience (ou la grande sagesse, allez savoir !) de mes 2 chattes que la chaleur d'un radiateur, une ou deux caresses, un sachet de Whiskas bien sûr (nous, on a toujours le Whisky) suffisent à envoyer au Nirvana des chats pour quelques heures…

 

 

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